samedi 16 juillet 2011
Faut-il avoir fait son service militaire en France pour être antimilitariste ?
La sortie d’Eva Joly contre le défilé du 14 juillet a suscité contre elle non seulement des réactions xénophobes mais une étonnante unanimité autour de « notre armée, qui se bat aujourd’hui sur beaucoup de terrain »(M.Aubry)
Il est de bon ton aujourd’hui, surtout le 14 juillet, de célébrer les valeurs de notre république qu’on ne s’étonne guère de voir bafouées le reste de l’année. Mais la quintessence de notre république se situe-t-elle dans notre armée ? Eva Joly a-t-elle tort de proclamer que « le temps est venu de supprimer les défilés militaires du 14 Juillet parce que ça correspond à une autre période ».
Nous ne sommes plus menacés par les armées étrangères. On nous a longtemps seriné que l’essentiel de notre protection résidait dans la dissuasion nucléaire. On a supprimé le service militaire de conscription. Notre armée actuelle est une armée de métier qui intervient essentiellement comme gendarme du monde. Le gouvernement l’engage presque toujours sans consultation du Parlement et les seuls à s’émouvoir sont les familles des soldats. Normal, la plupart des Français savent que tous les métiers comportent des risques et que l’on de donne pas de médailles à ceux qui meurent sur un chantier. On s’apitoie sur le sort des soldats tués en mission et c’est normal. C’est triste. Mais cela fait partie des risques du job. On mourait d’ailleurs beaucoup plus au combat autrefois.
Est-il vraiment scandaleux de rêver « que nous puissions remplacer ce défilé par un défilé citoyen où nous verrions les « enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ». Cela me fait penser aux fêtes de la Jeunesse des années d’après-guerre. C’est peut-être un peu ringard mais on pourrait creuser l’idée d’une célébration de la fête nationale qui ne soit pas guerrière. Comme celle de la « Méridienne verte » de l’an 2000, avec son « incroyable piquenique » ou comme le défilé de J.P. Goude le soir du 14 juillet 1989, pour la célébration du bicentenaire de la Révolution. Celui-là avait suivi le traditionnel défilé militaire. N’aurait-il pas pu le remplacer ? D’ailleurs, en 1790, le 14 juillet dont on célèbre l’anniversaire depuis 1880, avait pris l’allure d’une « fête de la Fédération », civile et non militaire. Ce n’est que depuis 1919 qu’on défile sur les Champs-Elysées. avec quelques interruptions pour des variantes d’itinéraire. Auparavant, on faisait cela à l’écart, sur l’hippodrome de Longchamp. Il s'agissait de montrer le redressement militaire de la France après la défaite de 1870 et d'entretenir dans l'opinion publique l'esprit de mobilisation pour recouvrer, grâce à l'armée, les provinces perdues d’Alsace-Moselle...
Les défilés militaires sont d’ailleurs bien illusoires. Celui du 14 juillet 1939 fut magnifique, même dans la simple ville de Metz où j’y assistai, à l’âge de près de 5 ans. Devant un tel déploiement de force mon père se disait persuadé que « les Boches n’avaient qu’à bien se tenir ! » On vit ce qu’il en advint quelques mois plus tard !
Si l’on voulait vraiment entretenir ou créer un lien entre l’Armée et la Nation, il nous faudrait une armée à l’image de l’armée suisse, une armée de citoyens-soldats prêts à tout moment à se mobiliser pour la défense du sol national. Nous n’avons, hélas, qu’une armée de type néo-colonial qui se justifie par un discutable « devoir d’ingérence » à géométrie variable (Afghanistan et Libye, mais pas Syrie ou Birmanie). Les amateurs de défilés militaires pourraient toujours se faire plaisir à un autre date, le 8 mai ou le 11 novembre, par exemple. Mais il est vrai que le temps est en général moins clément ces jours-là ! On continuera donc la tradition militariste et cocardière et l’on fera défiler ad vitam æternam l’armée et la police le 14 juillet pour la plus grande joie des badauds. Et tant pis pour Eva Joly. Elle ne sera d’ailleurs jamais présidente de la République. Alors pourquoi tout ce cinéma autour de ses propos à peine antimilitaristes ?
lundi 6 juin 2011
Deutschland über alles ?
Un reportage de FR3 au journal de midi du 3 juin 2011 a mis en évidence une monstruosité juridique qui permet à organisme public, le Jugendamt, de retirer leurs enfants à des parents qui voudraient les emmener résider hors du territoire allemand.
L'affaire révélée par FR3 avait déjà provoqué une manifestation de protestation à Strasbourg le 8 mai dernier, dont on trouve un compte-rendu dans "Les Dernières Nouvelles d'Alsace" du lendemain.
Une jeune mère allemande mariée à un français vivaient sans histoire avec lui et leurs deux filles de 5 et 8 ans, nées en France mais scolarisées en Allemagne, à Kehl, en face de Strasbourg. Un soir de décembre 2007, elle n'a pas pu récupérer ses enfants à l'école. L'aînée ayant fait part de l'intention des parents de déménager à Strasbourg, les deux fillettes ont illico été confiées au Jugendamt, l'office allemand d'assistance à l'enfance et placées dans des familles d'accueil sans jugement et sans en avertir au préalable les parents.
Pendant six mois, le couple s'est ruiné en frais d'avocats pour tenter, bien inutilement, de récupérer leurs enfants. Tout juste pouvaient-ils les voir une fois la semaine, en présence de tiers et en ne parlant que l'allemand. A l'occasion d'une exceptionnelle visite sans témoin, le père en a profité pour les emmener subrepticement en France en leur faisant franchir une passerelle sur le Rhin. Les parents ont inutilement intenté un procès au Jugendamt qui a, lui, obtenu la condamnation du mari par la justice allemande à 90 jours de prison ou 4000 euros d'amende. (source: DNA du 9/5/2011)
Cette affaire est loin d'être exceptionnelle et les Jugendämter se montrent particulièrement nocif en cas de divorce des parents. Le CEED - Conseil Européen des Enfants du Divorce (association de parents, enfants et grand-parents victimes d'enlèvements et de rapts internationaux d'enfants) s'épuise à défendre les victimes de la germanisation forcée des enfants bi-nationaux. Il a tenu une conférence de presse à Düsseldorf pour appuyer l'appel d'une mère polonaise, lectrice dans une université allemande, arrêtée en Pologne par les autorités polonaises à la demande des autorités allemandes, afin que son jeune enfant soit renvoyé en Allemagne. Un fils qu'elle n'a plus revu pendant de nombreuses années, comme tous les autres parents dans cette situation, jusqu'au moment où le CEED est intervenu.
"L'Allemagne, qui perdra 15 millions d'habitants au cours des 50 prochaines années, déclare la CEED, a instrumentalisé ses administrations de justice familiale à l'insu de ses partenaires en Europe pour conserver – sous couvert de sa Loi et de ses procédures secrètes – tout enfant de tout parent non-allemand en Allemagne et de le germaniser. Sous couvert de sa loi, l’Allemagne confisque les enfants de TOUS les étrangers, leur argent et leur héritage. La Commission Européenne couvre ces pratiques.
Les juristes de la famille et les fonctionnaires exercent un chantage à l’amour parental sur les parents non-allemands. Ils les criminalisent et les condamnent intentionnellement pour les assigner à résidence dans le pays,exploiter leur force de travail, en les menaçant de perdre leurs enfants, s'ils ne se soumettent pas à l'ordre allemand.
Pire, ils se servent des instruments communautaires (règlements européens 2201/2003, 4/2009) et SIS II (Interpol et Europol) pour exiger de ses partenaires – bien naïfs – l’exécution de sa politique au sein de leur juridiction respective, sans qu'ils ne soient autorisés à vérifier les procédures allemandes secrètes et malhonnêtes, dont l'unique objet est de protéger le Kindeswohl allemand, l'intérêt supérieur de la communauté des Allemands en matière d'enfants."
On fera remarquer au passage que le Jugendamt est un organiisme allemand datant de la période nazie et qui a seulement changé de nom après la guerre. Son but avoué est non seulement de garantir le bien-être et la sauvegarde des enfants, mais de maintenir à tout prix les enfants de bi-nationaux dans la patrie allemande. Il touche pour cela environ 160€ par jour de l'État pour chaque enfant pris en charge.
Les états membres de l’UE ont signé des accords prévoyant l’exécution de décisions judiciaires sur la base de la "confiance mutuelle". Les juristes allemands en abusent et utilisent les instruments communautaires pour imposer le droit allemand à toute l'Europe.
Aujourd’hui, la France applique ce droit et ses décisions discriminatoires contre les intérêts de ses ressortissants (l’Allemagne a déjà été condamnée à ce sujet par la Cour Européenne des Droits de l’Homme) sans rien changer à ses pratiques. (source: CEED)
C'est cela aussi, l'Europe. Était-ce ce qu'avaient imaginé ses fondateurs?
Jean MOUROT
L'affaire révélée par FR3 avait déjà provoqué une manifestation de protestation à Strasbourg le 8 mai dernier, dont on trouve un compte-rendu dans "Les Dernières Nouvelles d'Alsace" du lendemain.
Une jeune mère allemande mariée à un français vivaient sans histoire avec lui et leurs deux filles de 5 et 8 ans, nées en France mais scolarisées en Allemagne, à Kehl, en face de Strasbourg. Un soir de décembre 2007, elle n'a pas pu récupérer ses enfants à l'école. L'aînée ayant fait part de l'intention des parents de déménager à Strasbourg, les deux fillettes ont illico été confiées au Jugendamt, l'office allemand d'assistance à l'enfance et placées dans des familles d'accueil sans jugement et sans en avertir au préalable les parents.
Pendant six mois, le couple s'est ruiné en frais d'avocats pour tenter, bien inutilement, de récupérer leurs enfants. Tout juste pouvaient-ils les voir une fois la semaine, en présence de tiers et en ne parlant que l'allemand. A l'occasion d'une exceptionnelle visite sans témoin, le père en a profité pour les emmener subrepticement en France en leur faisant franchir une passerelle sur le Rhin. Les parents ont inutilement intenté un procès au Jugendamt qui a, lui, obtenu la condamnation du mari par la justice allemande à 90 jours de prison ou 4000 euros d'amende. (source: DNA du 9/5/2011)
Cette affaire est loin d'être exceptionnelle et les Jugendämter se montrent particulièrement nocif en cas de divorce des parents. Le CEED - Conseil Européen des Enfants du Divorce (association de parents, enfants et grand-parents victimes d'enlèvements et de rapts internationaux d'enfants) s'épuise à défendre les victimes de la germanisation forcée des enfants bi-nationaux. Il a tenu une conférence de presse à Düsseldorf pour appuyer l'appel d'une mère polonaise, lectrice dans une université allemande, arrêtée en Pologne par les autorités polonaises à la demande des autorités allemandes, afin que son jeune enfant soit renvoyé en Allemagne. Un fils qu'elle n'a plus revu pendant de nombreuses années, comme tous les autres parents dans cette situation, jusqu'au moment où le CEED est intervenu.
"L'Allemagne, qui perdra 15 millions d'habitants au cours des 50 prochaines années, déclare la CEED, a instrumentalisé ses administrations de justice familiale à l'insu de ses partenaires en Europe pour conserver – sous couvert de sa Loi et de ses procédures secrètes – tout enfant de tout parent non-allemand en Allemagne et de le germaniser. Sous couvert de sa loi, l’Allemagne confisque les enfants de TOUS les étrangers, leur argent et leur héritage. La Commission Européenne couvre ces pratiques.
Les juristes de la famille et les fonctionnaires exercent un chantage à l’amour parental sur les parents non-allemands. Ils les criminalisent et les condamnent intentionnellement pour les assigner à résidence dans le pays,exploiter leur force de travail, en les menaçant de perdre leurs enfants, s'ils ne se soumettent pas à l'ordre allemand.
Pire, ils se servent des instruments communautaires (règlements européens 2201/2003, 4/2009) et SIS II (Interpol et Europol) pour exiger de ses partenaires – bien naïfs – l’exécution de sa politique au sein de leur juridiction respective, sans qu'ils ne soient autorisés à vérifier les procédures allemandes secrètes et malhonnêtes, dont l'unique objet est de protéger le Kindeswohl allemand, l'intérêt supérieur de la communauté des Allemands en matière d'enfants."
On fera remarquer au passage que le Jugendamt est un organiisme allemand datant de la période nazie et qui a seulement changé de nom après la guerre. Son but avoué est non seulement de garantir le bien-être et la sauvegarde des enfants, mais de maintenir à tout prix les enfants de bi-nationaux dans la patrie allemande. Il touche pour cela environ 160€ par jour de l'État pour chaque enfant pris en charge.
Les états membres de l’UE ont signé des accords prévoyant l’exécution de décisions judiciaires sur la base de la "confiance mutuelle". Les juristes allemands en abusent et utilisent les instruments communautaires pour imposer le droit allemand à toute l'Europe.
Aujourd’hui, la France applique ce droit et ses décisions discriminatoires contre les intérêts de ses ressortissants (l’Allemagne a déjà été condamnée à ce sujet par la Cour Européenne des Droits de l’Homme) sans rien changer à ses pratiques. (source: CEED)
C'est cela aussi, l'Europe. Était-ce ce qu'avaient imaginé ses fondateurs?
Jean MOUROT
Quelle école? pour quelle société?
On trouve souvent, dans les forums et dans certains articles de bulletins en ligne, d’acerbes critiques contre l’école d’aujourd’hui qui justifieraient dans certains cas le recours à l’enseignement privé. Difficile de faire le tri entre les reproches justifiés et ceux qui relèvent d’une vision erronées de la réalité, entre les constats d’évidence et les mécontentements d’ordre idéologique.
On ne peut pas juger notre système scolaire indépendamment de la société dans laquelle il fonctionne et des objectifs qui lui sont assignés. Le problème, c’est que les objectifs de la société, fixés par l’État, ne coïncident pas forcément avec ceux des « consommateurs d’école », pour reprendre le titre d’un livre déjà ancien du sociologue Robert Ballion.
Nous vivons dans une société capitaliste néo-libérale qui a ses besoins en matière de formation. Ce sont eux qui déterminent pour une bonne part les objectifs et les méthodes en vigueur dans l’Éducation nationale.
La demande des parents consommateurs ne coïncide pas toujours avec les orientations officielles pas plus qu’avec les aspirations (parfois contradictoires) des enseignants. Il y a ceux qui veulent que l’école soit un lieu d’épanouissement, d’autres d’éducation, d’autres encore d’inculcation et de dressage, d’autres enfin exclusivement d’apprentissages.
Pour ma part, je vois l’école comme un lieu d’apprentissages: d’un savoir adapté à l’âge de l’élève, d’un savoir-vivre en société et du respect d’autrui. De fait, c’est aussi un lieu de vie et il n’est pas anodin de vouloir mettre l’enfant et non l’adulte au centre du système. C’est une question de respect de l’enfant mais aussi d’efficacité. L’école doit être faite pour l’enfant et non l’enfant pour l’école.
Cela dit, comment faire pour que l’enfant acquiert ce qu’il doit acquérir? Freinet disait « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».On a souvent daubé sur la formule « construire son savoir ». Si cela signifie que l’enfant est capable de redécouvrir tout seul par lui-même les lois de Mendel ou la théorie de la relativité, c’est évidemment absurde. Il faut plutôt comprendre la formule comme « apprendre par soi-même », s’approprier les savoirs proposés, la seule qui vaille —la pratique de l’entonnoir ayant surtout fait ses preuves dans le gavage des oies.
On a également beaucoup médit des « pédagogistes » au point de méconnaître l’importance de la pédagogie, qui est l’art de la transmission efficace des savoirs. On a cru qu’il suffisait de maitriser une discipline pour être capable de l’enseigner, c’est à dire de la faire apprendre et comprendre par l’élève. D’où l’élévation constante du niveau de diplôme des enseignants (tout en se plaignant de la baisse de niveau des diplômes actuels), comme si un master en mathématique fondamentale rendait ipso facto apte à animer une classe maternelle ! On a beaucoup médit des IUFM. Leur suppression au lieu de leur évolution n’est pas de nature à mieux préparer les jeunes diplômés à un métier dont ils ignorent tout. Les « sciences de l’éducation »ont usé et abusé d’un jargon ridicule; cela n’en rend pas moins nécessaire la réflexion sur la transmission des savoirs.
Par contre, parmi les contempteurs de l’école, je n’ai guère trouvé le reproche d’uniquement recruter les enseignants sur des critères universitaires, sans se soucier le leurs aptitudes psychologiques à tenir une classe. Un examen psychologique serait pourtant pour moi plus utile qu’une haute certification universitaire.
Quoi qu’il en soit, les consommateurs d’école auront bien du mal à obtenir satisfaction car ils trouveront rarement chaussure à leur pied, même en ayant recours au privé. Tout au plus quelques uns d’entre eux, les plus favorisés par la fortune, réussiront-ils à échapper aux ghettos auxquels sont condamnés les plus déshérités de nos concitoyens.
Jean MOUROT
On ne peut pas juger notre système scolaire indépendamment de la société dans laquelle il fonctionne et des objectifs qui lui sont assignés. Le problème, c’est que les objectifs de la société, fixés par l’État, ne coïncident pas forcément avec ceux des « consommateurs d’école », pour reprendre le titre d’un livre déjà ancien du sociologue Robert Ballion.
Nous vivons dans une société capitaliste néo-libérale qui a ses besoins en matière de formation. Ce sont eux qui déterminent pour une bonne part les objectifs et les méthodes en vigueur dans l’Éducation nationale.
La demande des parents consommateurs ne coïncide pas toujours avec les orientations officielles pas plus qu’avec les aspirations (parfois contradictoires) des enseignants. Il y a ceux qui veulent que l’école soit un lieu d’épanouissement, d’autres d’éducation, d’autres encore d’inculcation et de dressage, d’autres enfin exclusivement d’apprentissages.
Pour ma part, je vois l’école comme un lieu d’apprentissages: d’un savoir adapté à l’âge de l’élève, d’un savoir-vivre en société et du respect d’autrui. De fait, c’est aussi un lieu de vie et il n’est pas anodin de vouloir mettre l’enfant et non l’adulte au centre du système. C’est une question de respect de l’enfant mais aussi d’efficacité. L’école doit être faite pour l’enfant et non l’enfant pour l’école.
Cela dit, comment faire pour que l’enfant acquiert ce qu’il doit acquérir? Freinet disait « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».On a souvent daubé sur la formule « construire son savoir ». Si cela signifie que l’enfant est capable de redécouvrir tout seul par lui-même les lois de Mendel ou la théorie de la relativité, c’est évidemment absurde. Il faut plutôt comprendre la formule comme « apprendre par soi-même », s’approprier les savoirs proposés, la seule qui vaille —la pratique de l’entonnoir ayant surtout fait ses preuves dans le gavage des oies.
On a également beaucoup médit des « pédagogistes » au point de méconnaître l’importance de la pédagogie, qui est l’art de la transmission efficace des savoirs. On a cru qu’il suffisait de maitriser une discipline pour être capable de l’enseigner, c’est à dire de la faire apprendre et comprendre par l’élève. D’où l’élévation constante du niveau de diplôme des enseignants (tout en se plaignant de la baisse de niveau des diplômes actuels), comme si un master en mathématique fondamentale rendait ipso facto apte à animer une classe maternelle ! On a beaucoup médit des IUFM. Leur suppression au lieu de leur évolution n’est pas de nature à mieux préparer les jeunes diplômés à un métier dont ils ignorent tout. Les « sciences de l’éducation »ont usé et abusé d’un jargon ridicule; cela n’en rend pas moins nécessaire la réflexion sur la transmission des savoirs.
Par contre, parmi les contempteurs de l’école, je n’ai guère trouvé le reproche d’uniquement recruter les enseignants sur des critères universitaires, sans se soucier le leurs aptitudes psychologiques à tenir une classe. Un examen psychologique serait pourtant pour moi plus utile qu’une haute certification universitaire.
Quoi qu’il en soit, les consommateurs d’école auront bien du mal à obtenir satisfaction car ils trouveront rarement chaussure à leur pied, même en ayant recours au privé. Tout au plus quelques uns d’entre eux, les plus favorisés par la fortune, réussiront-ils à échapper aux ghettos auxquels sont condamnés les plus déshérités de nos concitoyens.
Jean MOUROT
mercredi 9 mars 2011
Un article de l'Emancipation syndicale et pédagogique
Un article de l’Emancipation syndicale et pédagogique n°6 de fév.2011
30 ANS D'HUMOUR EMANCIPEE
Jean J. Mourot, instituteur en retraite, ancien collaborateur de l'École Émancipée dont il a été longtemps le secrétaire de rédaction, a publié sous le pseudo d' E.Kolémans des centaines de dessins dans cette revue de 1973 à 1996, après avoir illustré à partir de 1972 le bulletin départemental EE de Seine Maritime.
A l'occasion de la sortie de deux albums de compilation de ces dessins pour le centième anniversaire de l'Ecole Emancipée, il a accordé un entretien exclusif à notre camarade Jean François Chalot.
—Tu as commencé à dessiner dans ta jeunesse semble t-il. A l'école normale de Rouen et ensuite au moment de ton service militaire en Algérie. La revue Emancipation a d'ailleurs publié une présentation de "la pacification c'était la guerre" où l'on sent déjà un trait de crayon qui ne demande que des occasions pour se défouler...
Puis tu t'es mis à collaborer à la revue Ecole Emancipée en envoyant des dessins d'actualité. Peux-tu évoquer un peu cette première expérience de dessinateur "syndicaliste"?
—C'est Michel Chauvet qui a eu l'idée de me solliciter. En réponse à des attaques des "Majos"de la FEN de notre département (Seine .Maritime ) nous reprochant d'utiliser dans nos critiques une encre "fangeuse et nauséabonde", il avait été convenu de confectionner un bulletin syndical départemental satirique dans le style de Charlie-Hebdo. J'y ai publié en 1972 mes premiers dessins militants, avec des moyens techniques rudimentaires, sur des stencils de duplicateur à encre. L'expérience ayant eu un certain succès, nous l'avons renouvelée plusieurs fois, en brocardant à plaisir nos concurrents syndicaux, bureaucrates bien en place pour la plupart.
—Tu as donc commencé à dessiner dans le bulletin départemental de Seine Maritime au début des années 70 et ensuite tes dessins ont été repris par la revue Ecole Emancipée.
--- Je n'ai pas tout de suite dessiné pour la revue nationale. Celle-ci n'était pas encore faite pour cela. Très austère, elle n'en publia quelques uns, très rares, qu'à partir de 1971, à la fin de la gestion de Louis Bocquet. Il fallut attendre le n°3 du 10 déc. 1973 pour voir le premier dessin sur la couverture rouge de la nouvelle formule. Par la suite les illustrations se firent moins rares, trop souvent reprises dans d'autres publications, mais l'on vit apparaître une nouvelle signature, celle du parisien Pelou qui nous donna longtemps des dessins de qualité (il est mort en 1993). J.Desachy, par contre, aura ignoré les dessins envoyés à cette époque par P.Labachot qui finira par devenir le dessinateur attitré de l'Ecole Libératrice.
—Dessinais-tu librement où tes dessins étaient-ils programmés? Comment étaient-ils choisis? Étaient-ils "contrôlés" a priori ?
—En général, on me donnait un thème ou un article à illustrer et je m'exécutais librement. Il arrivait souvent qu'on me commandât une couverture qui était collectivement discutée en "Commission Revue". Quand je proposais spontanément un dessin de mon seul cru, il est arrivé qu'on essaie de me le faire modifier et on a même réussi, très rarement, à le faire passer à la trappe. J'ai dû par contre garder dans mes cartons des dessins envoyés par des copains dont nous n'avions pas l'usage. C'est ainsi que Patrick Gonthier, après nous avoir donné des dessins anticléricaux, a fini par se retrouver au S.E. dont il est devenu Secrétaire Général !
—A la lecture du premier tome de compilation de tes dessins, j'ai constaté que tes premières réalisations étaient très esquissées et que peu à peu tu es passé à des dessins plus élaborés.
—C'est une question de moyens. Au début je dessinais à la pointe directement sur des stencils. Par la suite, l'utilisation de la photogravure a permis de mieux travailler les dessins. Et puis, j'ai fait des progrès, ma référence étant Cabu avec lequel j'avais d'ailleurs publié mes premiers dessins dans un journal pour jeunes ados parfois réalisés par les lecteurs eux-mêmes (cf p.124 du tome 2). J'étais en principe un adepte de la ligne pure et j'ai rarement eu recours au coloriage en niveaux de gris. Ce qui fait que certains préféraient la spontanéité de mes croquis bruts saisis en AG dont in trouve un échantillonnage dans le "bonus" du tome 2.
—Comment régissaient les dirigeants UID (Unité, Indépendance et Démocratie) du département puis nationaux ? Tu ne leur faisais pas de cadeau(x) et ils étaient bien souvent ta cible privilégiée ?
—Je n'ai jamais eu de réaction de leur part. Cela ne leur plaisait guère mais ils préféraient nous faire le coup du mépris. L'UID M. Bouchareissas a toutefois vite compris l'impact du dessin satirique et l'a introduit à son tour dans l'Ecole Libératrice, l'organe du SNI Pegc dont il était le directeur. C'est ainsi qu'il recruté pour des années P.Labachot, avant d'avoir recours à Delambre puis à d'autres.
—Dans ton dessin sur les "engagements pour la paix sociale", tu brocardes trois dirigeants syndicaux... Est-ce à dire que les autres : la CFDT et la CGT sont exempts de critique sur cette question ou qu'en fonction des périodes la collaboration de classes ou la combativité n'était l'apanage d'aucune organisation syndicale de manière permanente.
Qu'en pensait l'Ecole Emancipée de cette époque ?
Qu'en pensait l'Ecole Emancipée de cette époque ?
—Cette année-là (1978), ni Séguy, ni Maire n'avaient signé l'accord salarial dans la Fonction Publique considéré comme un coup de main donné à Barre sans contrepartie véritable. Ce dessin était toutefois accompagné d'un autre où les leaders de la CGT et de la CFDT déclaraient: "les bons accords... c'est ceux que nous on signe!". Pour l'EE, aucun accord salarial ne fut jamais considéré comme satisfaisant ne serait-ce qu'à cause de l'opportunisme des directions syndicales qui collaboraient ou s'opposaient aux pouvoirs en place à mon avis en fonction de leurs seuls intérêts de boutique.
—L'anticléricalisme a été une constance de l'Ecole Emancipée et dans la revue de nombreux dessins que tu as réalisés se trouvent en bonne place et parfois en première page. Cette constance en ces périodes où les dirigeants politiques de gauche étaient prêts à tous les abandons a t-elle été appréciée par tous les militants ou sympathisants de la tendance ?
—Je n'ai jamais eu de problème avec ce genre de dessins. Mais je ne suis pas sûr que l'anticléricalisme ait été une priorité pour tous les camarades. Chez nous aussi, il y avait des tentations de "main tendue aux croyants". Mais nous avons eu avec nous des cathos contestataires très anticléricaux et il a fallu, à une époque, venir au secours d'enseignants exploités de l'école catholique. Ce n'est que par rapport à l'Islam que la Tendance s'est profondément divisée. Tous unis contre les curés, mais pas contre les "barbus", victimes innocentes du racisme et du colonialisme français.
—L'arrivée de la "gauche" et l'élection de Mitterrand ont constitué un tournant et un test pour les directions syndicales. Très vite l'Ecole Emancipée a combattu le renoncement et défendu l'indépendance syndicale.
Peux tu évoquer un peu cette période ?
—Les tiraillements ont eu lieu chez nous plutôt avant qu'après les élections. Fallait-il ou non appeler au "vote ouvrier" ? Le collège du 1er Fev. 1981 a tranché en donnant la consigne suivante: "Sans illusion électoralistes mais avec détermination, battre Giscard ", ce qui a provoqué quelques réactions furibardes, comme celle de Mormiche du GD 79 dans le n° du 5.3.81 et le franc appel à voter Mitterrand de J.Desachy (N°du 20.4.81). Dès la victoire électorale du candidat socialiste, la revue appelait à la mobilisation pour la satisfaction des revendications (n° du 20.5.81 et du 5.6.81) mais Michel Chauvet douchait notre enthousiasme en rappelant l'expérience avortée du Front populaire : "Le chef de l'Etat et son premier ministre (...) sont condamnés à gérer la crise parce qu'ils refusent de s'appuyer sur la mobilisation des travailleurs(...) mais les centrales syndicales s'emploient toutes à empêcher cette mobilisation.(...) Cette politique risque fort (...) d'amener les travailleurs à bien des désillusions." Et je concluais pour ma part dans ce même numéro (5.6.81):" C'est plus que jamais le moment d'insister sur ce qui fait notre spécificité d'Amis de l'Ecole émancipée, en offrant aux sceptiques d 'aujourd'hui et aux déçus de demain un cadre pour les luttes émancipatrices sans lesquelles il n'y a pas de réelle libération."
Dès la rentrée, J.Desachy devait reconnaître en titre de son analyse "Plus que de l'inquiétude" et conclure que "le cheminement (...) de la politique gouvernementale ne conduit qu'à l'aggravation du chômage et de l'inflation, qu'à une démobilisation des travailleurs qui ont salué,dans l'enthousiasme, les victoires électorales de mai-juin 1981"(l'EE du 5.9.81).
Dès la rentrée, J.Desachy devait reconnaître en titre de son analyse "Plus que de l'inquiétude" et conclure que "le cheminement (...) de la politique gouvernementale ne conduit qu'à l'aggravation du chômage et de l'inflation, qu'à une démobilisation des travailleurs qui ont salué,dans l'enthousiasme, les victoires électorales de mai-juin 1981"(l'EE du 5.9.81).
A la FEN, tout baignait chez les bureaucrates. Henry devenu ministre comme les trois communistes en mission, UID faisait ami-ami avec U&A, la hache de guerre étant provisoirement enterrée, et J.L. Tétrel s'en amusait lors de la CA du 10.9.81. au cours de laquelle l'EE avait opposé sa propre motion générale offensive contre la complaisante "motion oecuménique U&A-UID". Bien vite cet oecuménisme laissera place à ce que J.Desachy appellera "la course aux fromages", notamment à l'occasion des élections à la Sécu et on oubliera vite les velleités de réunification syndicale.
—La droite revient au pouvoir et tu es un des premiers à "croquer" le futur président de la République. Sarko montre à la fois des ambitions et une orientation ultra libérale. Beaucoup à l'EE pensent qu'enfin les directions syndicales vont agir dans l'unité. Comment as-tu vécu cette période ?
—Mal, bien sûr. Mais au moins on pouvait espérer que la lutte serait plus facile pour les syndicats. Ce fut le cas lors de la grève des cheminots contre Juppé en 1995 ou du conflit des routiers de l'année suivante. Hélas, la zizanie interne à l'EE et la dérive d'une fraction vers une cogestion syndicale avec U&A ont pourri le climat de la tendance et m'ont personnellement amené à m'éloigner du militantisme. La scission de l'EE de 2002 m'a peu surpris. Elle m'apparaissait comme inéluctable à partir de l'élection par correspondance de l'Equipe Responsable par correspondance en 1994. J'ai même trouvé qu'on avait été bien trop patient avec les accapareurs du titre et qu'il aurait fallu aller plus tôt au clash, avant que le rapport de forces interne ne s'inverse. Mais on ne refait pas l'Histoire !
—Nous pourrions continuer longtemps mais comme ancien rédacteur de la revue, très pointilleux d'ailleurs, tu n'ignores pas que mon nombre de lignes est compté. Il ne me reste qu'à renvoyer les lecteurs à découvrir et déguster tes dessins qui sont parfois encore bien actuels, même si les têtes ont changé. Il leur suffit pour cela de commander les deux recueils et je leur prédis de bons moments, de nostalgie pour les anciens et de curiosité pour ceux qui n'ont pas connu les années Pompidou, Giscard et Mitterrand.
mercredi 12 janvier 2011
Des dessins pour le dire 2/Les années Mitterrand
A BAS LE SYNDICALISME PISSE-FROID !
Vingt-cinq ans de syndicalisme enseignant à travers le dessin satirique dans « l'École Émancipée»
Vingt-cinq ans de syndicalisme enseignant à travers le dessin satirique dans « l'École Émancipée»
Le tome 2 de la série "Des dessins pour le dire" consacré aux années Mitterrand vues par le dessinateur E.Kolemans dans "l'Ecole Emancipée" est paru en déc. 2010.
On y trouvera un résumé de l'histoire politique et syndicale d'une quinzaine d'années mouvementées vu à travers le prisme du syndicalisme enseignant le plus à gauche au sein de la Fédération de l'Education nationale, la défunte FEN, avant son implosion...
Mitterrand en 1981 |
Balladur et Sarkozy à l'heure de la cohabitation |
« L’humoriste, c’est un homme de bonne mauvaise humeur »
Jules Renard
« L’humour est une façon de se tirer d’embarras sans se tirer d’affaire »
Louis Scutenaire
« La satire est une sorte de miroir dans lequel les spectateurs découvrent
généralement le visage de tout le monde, mais pas le leur. »
Jonathan Swift
Jean Mourot/E. Kolemans : Des dessins pour le dire
2/ Les années Mitterrand ISBN 978-2-8106-1947-4
132 pages format A4; couverture souple pelliculée; 205 dessins,
7 planches de BD ou croquis sur le vif; 17 € l'ex.,
Books on Demand, 12-14 Rond-point des Champs-Elysées 75008 PARIS, http://www.bod.fr
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vendredi 7 janvier 2011
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