L'école en panne d'autorité
Quand notre
société tousse, l'école éternue.
Les récents
incidents ayant mis en cause de jeunes enfants se refusant à honorer les morts
des dernières tueries de Charlie et du Super Cacher ont remis en lumière une
des faiblesses de notre école : le déficit d'autorité. Rien ne va plus dans
notre bonne république à cause de l'incorrection et de l'indiscipline des
élèves dues à la démission supposée des professeurs, incapables de se faire
respecter.
Dans son édito de Marianne du 30 janvier 2015, Jacques Julliard
applaudit « au retour de l'autorité à l'école »,
dans le discours ministériel tout au moins, comme si cela se décrétait depuis
les bureaux de la rue de Grenelle. Une autorité qui selon lui n'a rien à voir
avec l'autoritarisme mais découle de la supériorité de celui qui sait sur celui
qui ne sait pas. « la seule autorité que nous reconnaissons
est celle du savoir et de la raison. » Un savoir qu'il conçoit
comme « élaboré selon les règles de l'esprit scientifique ».
Tout cela est bel et bon mais si un professeur de mathématiques
peut faire autorité dans sa matière, en quoi cela lui donne-t-il une
supériorité dans une discussion d'ordre général ? En quoi un diplôme de
l'enseignement supérieur en latin-grec donne-t-elle autorité à un enseignant
pour discuter du sexe des anges ou de la longueur de la barbe de Mahomet ?
L'autorité ne se décrète pas. Certains enseignants ont la chance
de pouvoir compter sur une autorité « naturelle ». D'autres savent
établir leur autorité par un savant mélange de fermeté, de compréhension et de
respect de l'élève… Mais en fait l'essentiel vient des enfants et du monde dans
lequel ils vivent.
Dans l'école d'autrefois, comme dans la société, le respect de
l'autorité allait de soi. Certains rebelles passaient outre mais ils étaient
minoritaires et contaminaient rarement le troupeau. Des anciens aiment raconter
que lorsqu'ils se plaignaient d'avoir reçu une gifle à l'école, ils en
recevaient une autre en complément à la maison.
Nous n'en sommes plus là. Nous avons connu mai 1968. Pour le
meilleur et pour le pire. Sous prétexte de respect de l'enfant, le laxisme
s'est installé dans bien des familles avec le culte de l'enfant-roi. Et comme
beaucoup de parents étaient aussi « savants » que les maîtres, ils
ont voulu mettre leur grain de sel dans l'enseignement reçu à l'école par leurs
enfants. Et le statut moral des enseignants s'en est trouvé diminué. En outre,
le consensus social qui avait affermi la 3ème république a depuis longtemps
volé en éclat. Et comme l'école s'est ouverte au monde, elle a importé bien des
conflits extérieurs.
Par ailleurs, la notion de laïcité ayant été battue en brèche par
une tendance au repli communautaire et l'ignorance des jeunes enseignants (Il
est bien loin le temps des « séminaires laïques » qu'étaient les
« écoles normales d'instituteurs »!) chaque élève prétend relever
d'une autorité supérieure à celle du maître, d'autant que bien des parents
dénient[1]à l'école tout rôle éducatif (l'éducation étant considérée comme relevant
exclusivement de la famille)
Aussi, penser que l'autorité du maître puisse être restaurée au
sein de notre système scolaire par la seule volonté d'une ministre relève,
selon la formule de Jacques Julliard, « de l'incantation
et de la magie ».
[1]
/ J'entendais (samedi matin 31/01) une docte intervenante dans une émission de Serge Moati sur LCP prôner, comme alternative à la ghettoïsation des établissements, l'imposition d'une plus grande mixité sociale dans les écoles. Elle oubliait l'existence de l'enseignement privé qui permet à ceux qui le souhaitent d'échapper aux promiscuités indésirables (c'est peut-être une des raisons de l'apparent accroissement des écoles juives permettant dans certains quartiers, à de jeunes juifs d'échapper aux brimades de jeunes antisémites...)
/ J'entendais (samedi matin 31/01) une docte intervenante dans une émission de Serge Moati sur LCP prôner, comme alternative à la ghettoïsation des établissements, l'imposition d'une plus grande mixité sociale dans les écoles. Elle oubliait l'existence de l'enseignement privé qui permet à ceux qui le souhaitent d'échapper aux promiscuités indésirables (c'est peut-être une des raisons de l'apparent accroissement des écoles juives permettant dans certains quartiers, à de jeunes juifs d'échapper aux brimades de jeunes antisémites...)