Il y a 50 ans, les accords d’Evian devaient mettre fin à la guerre d’Algérie...
Un sous-lieutenant appelé se souvient...
Le 50ème anniversaire des accords d’Evian va probablement relancer la polémique sur la date à retenir pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie et rendre hommage aux victimes de cette tragédie.
Laissant aux Algériens le soin de célébrer leur victoire chèrement payée par leur peuple et les combattants de l’intérieur, plus que par les dirigeants rescapés de l’extérieur qui ont rapidement pris les rênes du nouvel état, Jacques Langard, sous-lieutenant du Contingent jeté dans le chaudron de cette guerre qu’il n’avait pas voulue, témoigne de ce que fut le sort de bien des jeunes appelés français contraints de « crapahuter » sur une terre hostile et de combattre en regardant « la mort en face », comme on le chante dans l’hymne de l’Infanterie de Marine.
Son ouvrage est en même temps un hommage aux près de deux millions de garçons qu’une république imprévoyante a impliqués dans un combat douteux pour une cause perdue, dans ce qu’on considérait alors comme un ensemble de départements français, et particulièrement aux 15 000 d’entre eux qu’un sort tragique conduisit à la mort. Une mort que Jacques Langard, jeune sous-Lieutenant appelé de 21 ans, sorti en 1958 de l’EMI de Cherchell, après huit mois comme instructeur en Allemagne a tutoyé dans son régiment d’Infanterie de Marine, des bois de l’Ouarsenis aux confins algéro-marocains, de piton en piton, dans les taillis ou parmi les touffes d’alfa, dans le vent glacé ou sous le soleil accablant, chasseur chassé sous la menace de l’invisible fellagha... sans pour autant se livrer aux exactions qu’on a pu reprocher à certains éléments de l’armée française alors chargée du « maintien de l’ordre ».
Ce livre vient à point rappeler ou apprendre aux jeunes générations ce que fut la condition de leurs pères ou grand pères dans ce combat qui n’était pas le leur mais auquel ils n’avaient pu échapper. Ses récits, ses anecdotes, ses portraits, ses réflexions ont un accent de vérité que souligne un style familier à l’image du langage des hommes du terrain. En dépit de la dureté du vécu quotidien, l’auteur ne se départit pas d’une certaine distanciation allant jusqu’à l’humour, pour en sourire de peur d’avoir à en pleurer.
Jacques Langard : « Nous regardions la mort en face ! 1959-1960 Un sous-lieutenant appelé dans la guerre d’Algérie » BoD-Le Scorpion ; 168 pages illustrées ; 10,90 € ; ISBN n° 978-2-8106-2455-3
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lundi 12 mars 2012
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