Une plongée
dans le Pays de Caux d’autrefois
Philippe
LHOMMET
Illustrations
de Jean J. Mourot
Cauchois d’hier et d’autrefois
Scènes et récits de la vie cauchoise de 1900
à 1960
204 p. A5 TBE-Le scorpion brun 15€
ou
à l’Atelier du Scorpion brun J.M. 622
bis rue de l’Essart 76480 YAINVILLE
Le Pays de Caux n’est plus à la mode dans
notre littérature, comme si Maupassant en avait épuisé les ressources. On
trouve difficilement ceux qui osent encore écrire des histoires cauchoises. Il
subsiste bien quelques rares conteurs ou auteurs dramatiques qui perpétuent le
patois cauchois. Mais les auteurs français semblent ne plus rien avoir à
ajouter aux récits de l’abbé Alexandre ou aux contes de Robert Chouard et la
disparition des éditions Bertout a privé les auteurs locaux des moyens de se
faire éditer sur place.
Pourtant, cette péninsule française située
entre Seine et Manche, ce plateau crayeux couvert de limon fertile sur une
couche d’argile à silex que bordent de pittoresques falaises abruptes, a de
quoi séduire, en dépit de sa forte pluviosité qui fait verdir les pâturages et
mieux apprécier le soleil quand il daigne se montrer.
Plus encore que ses paysages, ce sont ses
habitants qui méritent l’intérêt. Certes la spécificité cauchoise tend à
s’effacer. La télévision plus que l’école a uniformisé les mentalités et
l’ancien mode de vie rural a presque complètement disparu. Cela n’en rend que
plus intéressante la démarche de Philippe Lhommet. Dans ses contes, il
ressuscite un passé relativement proche, celui de son enfance, quand on
utilisait encore les chevaux et qu’on n’avait pas abattu les hêtres des
« fossés », ces talus qui protégeaient si bien les « masures »
du vent et ...du regard des voisins.
Dans ce
temps-là et en général dans les deux premiers tiers du XXème siècle, les
villages étaient encore naturellement vivants. L’activité économique ne se
concentrait pas encore dans les métropoles de Dieppe, Rouen, Le Havre. Les
bourgs connaissaient encore les marchés ruraux où les paysans des environs
venaient vendre leur production. Il y avait des « fêtes » où les
jeunes gens faisaient connaissance, des foires aux bestiaux et des ventes aux
enchères. Les écoles n’avaient pas encore été transformées en entrepôts. On ne
prenait pas le car de ramassage pour aller apprendre à lire à des kilomètres de
chez soi. On ne cuisait plus le pain, mais le boulanger passait avec sa
camionnette. Il y avait une « boutique » dans chaque village et pas
encore de supermarchés. Les églises avaient leur curé avec des enfants de
chœur, des fidèles le dimanche et parfois même un suisse ! Sur la côte,
les pêcheurs partaient encore pour de longue campagnes en mer, quelque fois
jusqu’aux bancs de Terre-neuve, et les femmes de marins guettaient anxieusement
le retour des bateaux.
C’est
cet univers que fait revivre avec humour le cauchois Philippe Lhommet. De son
village natal de Saint-Pierre-en Port à sa résidence actuelle de Nointot , en
passant par Bolbec, de la boucherie familiale de son enfance au collège où il a
vu passer des générations d’adolescents comme professeur d’éducation physique,
il est resté fidèle au Pays de Caux de ses ancêtres. Les personnages qu’il
décrit, les anecdotes qu’il raconte, ne sortent pas de son imagination mais de
ce qu’il a vu et entendu hier et autrefois. Lire ses contes, c’est pour les
plus anciens retrouver une époque révolue et pour les plus jeunes, nos
petits-enfants, découvrir le monde disparu dans lequel leurs grands-parents et
leurs aïeux ont vécu, dans la peine et dans la bonne humeur, selon les caprices
de la vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire