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vendredi 17 avril 2009

Mes dernières publications




Après « Sous les drapeaux de deux républiques » t.1 (ISBN : 9782304001860/EAN : 9782304001860) et t.2 (ISBN : 9782304008821/ EAN : 9782304008821) aux éditions « Le Manuscrit » qui témoignent de son expérience militaire de 28 mois au moment de la guerre d’Algérie,
Jean Mourot a relaté ses années d’enfance et de jeunesse chez le même éditeur, sous le titre « L’ABC de Jojo »( ISBN : 9782304018103
/ EAN : 9782304018103).


En voici un résumé :

« L’ABC de Jojo prévoyait un monde merveilleux pour l’an 2000. C’était en 1939. La réalité allait être plus rude pour le petit Jeannot. Chassé de sa ville natale, Metz, par la guerre, il se réfugie dans un village de l’Oise. Après avoir vécu l’Exode, il connaît les rigueurs de l’Occupation mais aussi la liberté de la vie rurale et les 400 coups avec les copains. Transplanté en 1945 à Rouen pour suivre son père, il entre bientôt au Collège pour y trouver d’autres copains et d’autres occasions de transgresser les règles. Il découvre aussi le scoutisme qui va donner un sens à sa vie au moment difficile du passage à l’adolescence, lui apprenant l’engagement au service d’autrui, l’endurcissant et lui permettant finalement d’accéder à l’autonomie. »
En voici quelques extraits :

EXTRAIT COURT

Maman poussait ma petite sœur, qui heureusement n’était pas encore sevrée, ce qui facilita son alimentation, dans son landau chargé de ce qu’elle avait pu emporter de plus précieux, l’argent et les papiers étant mis en sûreté dans une poche de toile glissée dans son corset; j’avais moi-même mes papiers dans une poche semblable, mais plus petite, suspendue sous ma chemise à mon cou. Après quelques kilomètres, des paysans auxquels on nous avait associés me prirent avec eux au sommet de leur charrette débordante. J’aurais voulu rester avec Maman qui marchait en-dessous et je sanglotais silencieusement, au rythme des cahots de la route. Je ne me calmai que lorsque ces braves gens me donnèrent à manger de l’omelette sur une tranche de pain...

DÉBUT

C’était un samedi de début novembre 1934 ; Maria commençait à sentir bien lourd le gros ventre qu’elle promenait à présent depuis plusieurs semaines. Elle traînait son impatience dans son vieil appartement de la rue de la Chèvre, à Metz où elle s’était installée avec Henri, son mari quelques mois après leur mariage, quand il y avait été nommé par son employeur Dunlop au centre d’entretien de la SGTD. L’enfant à venir se faisait attendre. Devrait-elle accoucher seule ou son mari serait-il revenu à temps ? Il voyageait toute la semaine, en train ou en autocar, pour aller visiter les dépôts de Moselle et Meurthe-et-Moselle, y contrôler les pneus des autocars et les remplacer au besoin. Il avait organisé ses tournées de façon à terminer par Metz le samedi. Il n’allait donc pas tarder à rentrer.
Maria avait commencé à ressentir « les mouches ». Comme c’était sa première grossesse, elle ne se rendit pas bien compte de ce qui lui arrivait quand, soudain, elle « perdit les eaux ». C’est alors qu’enfin Henri arriva. Pour grogner, selon son habitude. Persuadé qu’elle avait uriné sous elle, il la tança : « Tu as encore bu trop froid ! » . Il dut bien vite se rendre à l’évidence : ce n’était pas d’urine qu’il s’agissait ; les premières douleurs se faisaient déjà sentir ; le travail avait commencé.
Il conduisit bien vite sa femme à la maternité de la Charité maternelle, tenue par des bonnes sœurs, où sa place était retenue depuis un bon moment.
Il fallut attendre le lendemain jusqu’à 16h15 pour que l’enfant se décide enfin à montrer sa tête et à faire son entrée dans le monde… J’étais né. Je faisais en braillant mon entrée dans le monde.

Alsacienne née allemande en 1905, devenue française en 1918 « par réintégration », Maria, ma mère, était l’avant-dernière d’une famille de quatre enfants vivant à Monswiller, un village limitrophe de Saverne. Son père, Joseph Hausser, alors robuste sexagénaire, était né français en janvier 1869. Sa marraine, la Get’l, se souvenait d’avoir vu jouer le petit Joseph entre les pattes des chevaux de uhlans pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Devenu allemand en 1871, il n’avait repris la nationalité française qu’en 1918... pour la reperdre en 1940 et ne la retrouver que sur la fin de sa vie en 1944/45. Parlant avant tout le dialecte alsacien, il est mort en mai 1953, ne sachant plus que quelques mots de français. Il avait passé trois ans en Allemagne au service du Kaiser, dans un régiment d’infanterie, de 1889 à 1892. J’ai encore dans mon bureau sa belle gourde de réserviste, en verre recouvert de cuir rouge orné d’inscriptions patriotiques en lettres dorées et percé au dos d’une fenêtre permettant d’apercevoir à l’intérieur une gravure représentant le départ d’un conscrit. Pendant la 1ère guerre mondiale, âgé d’environ 45 ans et père de quatre enfants, il avait été mobilisé sur place dans la Territoriale.
Il travaillait à l’usine Zornhoff qui fabriquait des outils sous la marque Goldenberg. Comme beaucoup d’ouvriers alsaciens, il était aussi paysan, cultivant avec sa femme, Émelie Ott, les petits lopins que leur avaient légués leurs parents, réduits à peu de chose à la suite de trop de partages successifs.

Ces livres peuvent être commandés en librairie ou par Internet sur Alapage.com, Amazon.fr, Chapitre.com au prix de 20,81€ le volume, franco de port ou chez l’éditeur (21,90€+ frais de port)


TROIS PETITS TOURS
Une traversée du XXème siècle


Recoupant partiellement ce récit, les mémoires de son père ont été publiés chez BoD (Books on Demand) sous le titre : « Trois petits tours, une traversée du XXe siècle »( ISBN 13 : 03-978-2-8106-0349-7 ; 160 p. avec illustrations ; 12 €): c’est un hommage filial en même temps que l’occasion de parcourir le 20ème siècle de 1905 à 1999. Grâce aux documents laissés par son père (écrits, lettres, enregistrements), il a reconstitué la vie de ses parents dans un siècle plein de bruit et de fureur mais aussi d’espoir et de douceur de vivre.On assiste au début de la modernité, à l’accélération des progrès techniques... De la guerre de 14 vécue en Alsace et en Lorraine à celle de 40, avec son cortége de séparations, de risques et de privations, de Nancy à Rouen en passant par la campagne picarde, revit un monde aujourd’hui disparu. Ce récit est le roman vrai de « petites gens » qui, comme les marionnettes, ont fait trois petits tours dans leur siècle avant de s’en aller discrètement, comme ils avaient vécu. C’est une histoire couleur sépia qui se lit comme on feuillette un vieil album de photos de famille. Avec curiosité, tendresse et nostalgie...
DÉBUT DU PROLOGUE
Sur une vieille photo, cinq poilus, képi sur la tête, capote relevée sur les genoux fixent l’objectif sur un fond de campagne lorraine. Ils ont un brin de muguet agrafé sur la poitrine : c’est le 1er mai 1915 à Maidières les Pont-à-Mousson, dans la vallée de la Moselle. La guerre dure depuis bientôt un an. On sait maintenant qu’elle en sera pas « fraîche et joyeuse » mais l’on n’est pas encore allé jusqu’au bout de l’horreur. Le front s’est stabilisé au nord et à l’est de la France mais l’on se bat encore avec acharnement à trois kilomètres de là, dans les tranchées du Bois Leprêtre qui ne sera conquis que le 12 mai, au prix de lourdes pertes.
Ici, on est au repos, entre anciens, des « territoriaux » peut-être, habitués au bruit de fond des roulements d’artillerie au lointain. Au centre, assis en tailleur,un petit homme à l’œil vif cache ses lèvres sous une abondante moustache en croc. C’est mon grand-père, Eugène Mourot. Derrière lui, un grand dadais de 15 ans s’arrange pour qu’on voie sa chevalière fabriquée à partir d’une douille de laiton: c’est son fils aîné, René. Au début de la guerre, quand une avant-garde allemande avait investi le village, il s’était enfui pour se réfugier dans une ferme voisine et n’était réapparu qu’une fois l’ennemi reparti… À ses côtés, ses deux cadets: Louis, 7 ans et demi et Henri, 5 ans. Ce dernier, c’est mon père. Visage rond, cheveux ras, son visage s’éclaire d’un petit sourire moqueur.

EXTRAITS
Quand j’eus atteint l’âge scolaire, on m’inscrivit à l’école de garçons Ory. Nous avions des maîtres à l’ancienne. Avec eux, j’ai toujours aimé apprendre. Je me rappelle très bien de mon premier instituteur, Monsieur Galland. Il portait l’impériale,, c’est-à-dire la moustache en pointes et la barbiche, à la manière de Napoléon III, et avait la manie de manger en classe un morceau de pain qu’il coupait en petits dés à l’aide de son couteau de poche, avant de les avaler devant nous. Quand je suis arrivé, il m’a demandé : « —Qui est-ce qui t’as appris à manger? —J’ai appris tout seul, Monsieur. —Eh ! bien pour apprendre à lire et écrire, ce sera la même chose. Il faudra que tu apprennes tout seul et que tu y mettes du tien. ». Ensuite, j’ai eu Monsieur Flèche qui venait de perdre un bras au combat, puis le fils du directeur, également mutilé de guerre. C’était ce dernier, qui surveillait l’étude du soir. Celle-ci permettait aux enfants pauvres et mal logés de faire leurs devoirs dans les meilleures conditions contre une modeste contribution. Avec lui, il fallait se tenir tranquille. Il ne voulait rien entendre. On ne pouvait même pas tousser ! Par contre, son père, Monsieur Grandjean, était un brave homme. Quand j’ai été dans sa classe, pour y préparer le Certificat d’études qu’on passait alors à 12 ans, j’étais devenu un peu son chouchou. Je lui faisais à l’occasion quelques courses dont il me récompensait par une petite pièce. Nous écrivions à la plume Sergent-major. Nous avions les livres habituels de l’époque, la géographie de Vidal-Lablache, « le Tour de France de deux enfants », etc. Comme j’aimais l’histoire, j’avais quelques livres supplémentaires à la maison, récupérés je ne sais où. Et quand le maître faisait sa leçon, il me demandait souvent : « Allez Mourot, amène-moi donc un de tes livres... qu’ on voie ce qu’on peut y trouver. »
Jamais ces maîtres de l’école laïque, dont on disait tant de mal dans les milieux catholiques de l’époque, ne nous ont brimés dans nos convictions et pratiques religieuses, même quand ils étaient francs-maçons, comme c’était vraisemblablement le cas de M. Grandjean. J’ai pu manquer sans problème les trois ou quatre jours de la retraite précédant la première communion et toujours eu les permissions que je demandais lorsque, étant enfant de chœur, je devais m’absenter pour servir une messe de mariage ou d’enterrement.
Au début de 1918, les combats s’étaient dangereusement rapprochés de Nancy : on se battit durement sur les hauteurs, au Grand Couronné. Il nous est souvent arrivé, à l’école, de descendre à la cave avec, dans une petite musette, une espèce de chiffon enduit pour nous protéger d’ une possible attaque aux gaz de combat. Pendant un an, nous avons dormi tous les soirs à la cave, rue Jeannot en prévision d’éventuels bombardements de l’artillerie lourde allemande. Les bombardements aériens étaient moins redoutables : les aviateurs lançaient leurs bombes à la main depuis leurs aéroplanes et elles faisaient souvent plus de peur que de mal. Un jour nous en avons reçu trois sur notre maison: l’une s’est arrêtée au grenier, une autre au-dessus du 1er étage et la troisième est tombée dans la cour.
***
Dans mon immeuble, quelqu’un faisait de la photographie. Je lui achetai, pour une somme modique, tout l’attirail du parfait photographe pour la prise de vue et le développement : un appareil à plaques, avec pied et voile noir, ainsi que le matériel pour faire des photos comiques ou artistiques. C’était un plaisir, quand on trempait les plaques de verre recouvertes de gélatine dans le bain d’hyposulfite, de voir apparaître les images. Mais pour moi, dans notre appartement au confort rudimentaire, le développement n’était pas une mince affaire. Je m’enfermais dans l’alcôve de ma chambre et je bouchais tous les orifices de manière à ce qu’aucune lumière ne pénétrât dans mon réduit. Je m’éclairais avec une lanterne à bougie dont les vitres avaient été badigeonnées de rouge. Si bien qu’après chaque développement, je sortais de mon « laboratoire » à demi asphyxié.
C’était l’époque des débuts de l’aviation.Je suivais les raids à longue distance de Pelletier d’Oisy, dit Pivolo. Je tremblai pour Nungesser et Coli par exemple, lorsqu’ils entreprirent leur traversée de l’Atlantique sur l’ Oiseau blanc, en 1927, pour disparaître sans laisser de traces. Un peu plus tard, j’écoutai à la TSF le reportage de l’arrivée à Paris de Lindbergh qui réussira la première traversée, sur son petit monomoteur, the Spirit of St Louis. Je ne manquais pas les meetings aériens, celui de Jarville, par exemple où j’étais allé avec ma tante Marie. J’étais impressionné par les acrobaties des pilotes, souvent auréolés de leurs succès au cours de la guerre. Un jour, je suis même monté, sans voler, dans un avion de la base du 21ème régiment d’aviation de Nancy, un Lieuret-Ollivier, un avion qui avait si mauvaise réputation qu’il fut interdit de vol à la suite de trop nombreux accidents.
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