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jeudi 12 février 2015

ECOLE


L'école en panne d'autorité


Quand notre société tousse, l'école éternue.


Les récents incidents ayant mis en cause de jeunes enfants se refusant à honorer les morts des dernières tueries de Charlie et du Super Cacher ont remis en lumière une des faiblesses de notre école : le déficit d'autorité. Rien ne va plus dans notre bonne république à cause de l'incorrection et de l'indiscipline des élèves dues à la démission supposée des professeurs, incapables de se faire respecter.

Dans son édito de Marianne du 30 janvier 2015, Jacques Julliard applaudit « au retour de l'autorité à l'école », dans le discours ministériel tout au moins, comme si cela se décrétait depuis les bureaux de la rue de Grenelle. Une autorité qui selon lui n'a rien à voir avec l'autoritarisme mais découle de la supériorité de celui qui sait sur celui qui ne sait pas. « la seule autorité que nous reconnaissons est celle du savoir et de la raison. » Un savoir qu'il conçoit comme « élaboré selon les règles de l'esprit scientifique ».

Tout cela est bel et bon mais si un professeur de mathématiques peut faire autorité dans sa matière, en quoi cela lui donne-t-il une supériorité dans une discussion d'ordre général ? En quoi un diplôme de l'enseignement supérieur en latin-grec donne-t-elle autorité à un enseignant pour discuter du sexe des anges ou de la longueur de la barbe de Mahomet ?

L'autorité ne se décrète pas. Certains enseignants ont la chance de pouvoir compter sur une autorité « naturelle ». D'autres savent établir leur autorité par un savant mélange de fermeté, de compréhension et de respect de l'élève… Mais en fait l'essentiel vient des enfants et du monde dans lequel ils vivent.

Dans l'école d'autrefois, comme dans la société, le respect de l'autorité allait de soi. Certains rebelles passaient outre mais ils étaient minoritaires et contaminaient rarement le troupeau. Des anciens aiment raconter que lorsqu'ils se plaignaient d'avoir reçu une gifle à l'école, ils en recevaient une autre en complément à la maison.

Nous n'en sommes plus là. Nous avons connu mai 1968. Pour le meilleur et pour le pire. Sous prétexte de respect de l'enfant, le laxisme s'est installé dans bien des familles avec le culte de l'enfant-roi. Et comme beaucoup de parents étaient aussi « savants » que les maîtres, ils ont voulu mettre leur grain de sel dans l'enseignement reçu à l'école par leurs enfants. Et le statut moral des enseignants s'en est trouvé diminué. En outre, le consensus social qui avait affermi la 3ème république a depuis longtemps volé en éclat. Et comme l'école s'est ouverte au monde, elle a importé bien des conflits extérieurs.

Par ailleurs, la notion de laïcité ayant été battue en brèche par une tendance au repli communautaire et l'ignorance des jeunes enseignants (Il est bien loin le temps des « séminaires laïques » qu'étaient les « écoles normales d'instituteurs »!) chaque élève prétend relever d'une autorité supérieure à celle du maître, d'autant que bien des parents dénient[1]à l'école tout rôle éducatif (l'éducation étant considérée comme relevant exclusivement de la famille)


Aussi, penser que l'autorité du maître puisse être restaurée au sein de notre système scolaire par la seule volonté d'une ministre relève, selon la formule de Jacques Julliard, « de l'incantation et de la magie ».


[1]
/ J'entendais (samedi matin 31/01) une docte intervenante dans une émission de Serge Moati sur LCP prôner, comme alternative à la ghettoïsation des établissements, l'imposition d'une plus grande mixité sociale dans les écoles. Elle oubliait l'existence de l'enseignement privé qui permet à ceux qui le souhaitent d'échapper aux promiscuités indésirables (c'est peut-être une des raisons de l'apparent accroissement des écoles juives permettant dans certains quartiers, à de jeunes juifs d'échapper aux brimades de jeunes antisémites...)